L’éco-pâturage : une gestion écologique fondée sur la science

Introduction

🌱L’éco-pâturage : synthèse scientifique sur ses effets écologiques et zootechniques

L’éco-pâturage se définit comme l’utilisation contrôlée d’herbivores domestiques pour la gestion de la végétation, dans une logique de conservation écologique plutôt que de production (INRAE, Fourrages, 2019).
Les études convergent pour montrer que l’intensité et la planification du pâturage déterminent la diversité floristique, la structure du sol et le bien-être des animaux (Pakeman et al., Journal of Applied Ecology, 2019 ; Bullock et al., Journal of Applied Ecology, 2020).

 

1. Effets sur la biodiversité végétale

Le pâturage extensif favorise la coexistence d’espèces végétales de tailles et stratégies différentes, en maintenant les mosaïques de micro-habitats.
Une méta-analyse sur 276 sites européens montre qu’un pâturage modéré augmente la richesse spécifique moyenne des prairies de 25 à 35 % par rapport à la fauche mécanique ou à l’abandon de gestion (Spooner et al., Global Change Biology, 2021).

morgane lebosq breizh oasis agroecologie (Moyenne)

Des résultats similaires ont été observés en Europe centrale : la diversité des communautés herbacées est maximisée à des charges inférieures à 0,8 UGB/ha (Török et al., Applied Vegetation Science, 2016).

2. Effets sur les sols et le cycle des nutriments

Les herbivores influencent la structure et la fertilité des sols via le piétinement, les déjections et la stimulation de la rhizosphère.
Bardgett & Wardle (Science, 2010) démontrent que la présence d’herbivores augmente la minéralisation de l’azote et la biomasse microbienne du sol, favorisant le stockage de carbone organique stable.

Les systèmes de pâturage tournant étudiés par Durand et al. (Agricultural Systems, 2021) présentent une meilleure infiltration de l’eau (+12 %) et une densité apparente plus faible (−10 %) que les prairies fauchées.

ferme poly activite agroecologie (8) (Petite)

3. Effets sur la faune et les pollinisateurs

Le maintien d’un couvert végétal hétérogène sous pâturage extensif soutient des communautés d’insectes et d’oiseaux plus diversifiées.
Humbert et al. (Conservation Biology, 2012) montrent que les prairies pâturées présentent 1,5 fois plus d’espèces de pollinisateurs que celles gérées uniquement par fauche tardive.
WallisDeVries et al. (Biological Conservation, 2016) confirment que la diversité des pollinisateurs est positivement corrélée à la variabilité structurelle induite par le pâturage.

4. Emissions et bilan carbone

Les systèmes extensifs émettent globalement moins de gaz à effet de serre par unité de surface que les systèmes mécanisés.
Martin et al. (Agriculture, Ecosystems & Environment, 2017) estiment une réduction de 15 à 25 % des émissions de N₂O et NH₃ dans les systèmes pâturés tournants comparés aux prairies fauchées intensives, à charge équivalente.
Bullock et al. (2020) rappellent que la restauration de prairies pâturées permet de combiner stockage de carbone et biodiversité floristique à condition d’éviter le surpâturage.

5. Bien-être animal et contraintes zootechniques

Stark chèvre breizh oasis eco paturage

Les bénéfices écologiques ne sont observables que lorsque les conditions de bien-être animal sont respectées.
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA, 2023) recommande pour les petits ruminants en plein air :

  • un accès permanent à l’eau et à l’abri,

  • une rotation des pâtures évitant le surpâturage,

  • une densité inférieure à 6 UGB/ha selon le climat,

  • et un suivi sanitaire régulier.
    Les indicateurs comportementaux (alimentation, rumination, locomotion, interactions sociales) sont les marqueurs les plus fiables du bien-être en éco-pâturage (Boissy & Manteca, Applied Animal Behaviour Science, 2017).

6. Conditions de mise en œuvre

L’efficacité écologique du pâturage dépend de la conception d’un plan de gestion intégrant :

  • un diagnostic initial (flore, sol, topographie),

  • la détermination d’une charge pastorale adaptée,

  • un calendrier de rotation,

  • un suivi écologique régulier.
    Ces paramètres sont établis dans la plupart des protocoles utilisés en écologie pastorale (INRAE, 2019 ; Bullock et al., 2020).

7. Conclusion

Les données disponibles indiquent qu’un éco-pâturage planifié et extensif est bénéfique à la biodiversité et à la qualité des sols, tout en réduisant l’usage d’énergie fossile.
À l’inverse, un pâturage non encadré, sans plan de gestion ni suivi, conduit à une dégradation de la flore et à une perte de fonctionnalité écologique.
L’éco-pâturage doit donc être considéré non comme un outil d’entretien, mais comme un dispositif de gestion écologique basé sur des indicateurs mesurables.

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Docteure Morgane LEBOSQ

Chercheuse Biologie-Santé-Environnement – Formatrice

Morgane est docteure en Biologie Santé environnement, passionnée par l’agroécologie et la biologie végétale. Elle cherche à promouvoir des modes de vie durables et respectueux de la nature. Elle est convaincue que l’agroécologie est la voie à suivre pour créer des écosystèmes sains et résilients, qui peuvent nous fournir une nourriture saine et abondante tout en préservant la biodiversité. Elle est persuadée que l‘éducation et la sensibilisation sont des clés pour un avenir plus durable. Elle souhaite partager des connaissances scientifiques fondées en agroécologie à travers BreizhOasis, afin de fournir une source fiable d’informations pour les passionnés de jardinage, tout en encourageant les pratiques durables et respectueuses de l’environnement.

Référence Bibliographique

  • Bardgett, R. D., & Wardle, D. A. (2010). Aboveground–belowground linkages: Biotic interactions, ecosystem processes, and global change. Science, 328(5977), 49–52.

  • Bullock, J. M., et al. (2020). Managing grasslands to maximize biodiversity and carbon storage. Journal of Applied Ecology, 57(8), 1561–1572.

  • Durand, J. L., et al. (2021). Soil structure and hydrology under rotational grazing systems. Agricultural Systems, 188, 103034.

  • Humbert, J. Y., et al. (2012). Impacts of grassland management intensity on biodiversity. Conservation Biology, 26(5), 932–942.

  • Martin, C., et al. (2017). Greenhouse gas mitigation potential of grazing systems. Agriculture, Ecosystems & Environment, 241, 124–135.

  • Pakeman, R. J., et al. (2019). Grazing intensity and plant diversity in European grasslands. Journal of Applied Ecology, 56(2), 254–265.

  • Spooner, D. E., et al. (2021). Grazing management and biodiversity outcomes in European temperate grasslands: A meta-analysis. Global Change Biology, 27(12), 2769–2783.

  • Török, P., et al. (2016). Recovery of grassland biodiversity under grazing: Evidence from Central Europe. Applied Vegetation Science, 19(3), 460–469.

  • WallisDeVries, M. F., et al. (2016). Effects of livestock grazing on insect pollinators in grasslands. Biological Conservation, 200, 141–148.

  • Boissy, A., & Manteca, X. (2017). Animal welfare and sustainable livestock systems. Applied Animal Behaviour Science, 190, 1–3.

  • EFSA Panel on Animal Health and Welfare (2023). Welfare of small ruminants and equids in outdoor systems. EFSA Journal, 21(3), e07890.

  • INRAE (2019). Gestion pastorale et biodiversité des prairies tempérées. Fourrages, 238, 123–139.


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